L'édifice ruiné des anciennes galeries marchandes Friedrichstraßenpassage, inaugurées en 1909, devint un haut lieu de la mouvance alternative berlinoise après la réunification.
L'édifice fut construit entre 1907 et 1908 en 15 mois, sous la conduite de Franz Ahrens. Les galeries reliaient l'Oranienburger Strasse avec la célèbre Friedrichstrasse et comptaient aux côtés de la Kaisergalerie d'Unter den Linden / Friedrichstrasse parmi les plus illustres galeries de Berlin.
Les Friedrichstraßenpassage devinrent en 1928 l'Haus der Technik
. Le complexe, alors propriété de la banque Berliner Commerz- und Privatbank, fut loué à la société AEG, qui vit ses locaux de la Luisenstraße dévastés par un incendie en 1927. A la fin des années 1930, une première émission TV se tint dans l'Haus der Technik
.
Au milieu des années 1930, l'organisme de la Deutsche Arbeitsfront s'installa dans les locaux, suivis par l'administration du Gau de la Courlande (Gau Kurmark) et le Zentralbodenamt der SS. Lors de la bataille de Berlin, la Wehrmacht fit inonder les sous-sol de l'édifice, qui fut partiellement détruit lors des combats d'avril-mai 1945.
Après 1945, l'immeuble ruiné fit l'objet de travaux de restauration sommaires. En 1948, l'immeuble fut investi par l'Haus vom Freien Deutschen Gewerkschaftsbund
(FDGB), des commerces de détail, et de petites entreprises industrielles.
L'agence de voyages, Deutsches Reisebüro, fut installée provisoirement dans l'aile et les étages supérieurs. A la même époque, débuta l'affectation culturelle de l'édifice par les une école d'artistes, et un cinéma (Kino Camera). Pour clore cette liste de Prévert, la salle des coffres du sous-sol fut utilisée par l'Armée nationale populaire (Nationale Volksarmee).
En 1990, le bâtiment menacé par les pelleteuses, fut squatté par de jeunes artistes, puis transformé en galerie d'art et d'exposition. Depuis, il devint le Kunsthaus Tacheles.
Les projets immobiliers, présentés en 1996, prévoyaient la construction de nouveaux immeubles. Fin 1998, un accord entre les occupants du Tacheles et les promoteurs put être conclu, prévoyant la sauvegarde du centre culturel de la scène off au sein d'un nouvel ensemble. Durant les dix années à venir, les artistes devaient s'acuitter d'un loyer mensuel symbolique de 0,5 cents d'Euro.
Les travaux d'aménagement des quartiers Johannis et Tacheles, prévoyant près de 40 nouveaux immeubles de bureaux, de logements et de commerces n'ont pu se concrétiser. La banque régionale HSH Nordbank, propriétaire des lieux, souhaite vendre la parcelle pour faire face au remboursement de ses créances. La banque a signifié aux artistes un ultimatum jusqu'à la fin du mois de juillet 2010 pour évacuer les lieux. Du coup, les occupants des lieux se mobilisent pour retarder l'échéance, en appelant à l'aide les Verts et l'aile gauche de la coalition au pouvoir au sénat de Berlin.
Le 12 septembre 2012, les huissiers, aidés par les forces de l'ordre, délogèrent les occupants du Tacheles. Une nouvelle page du Berlin alternatif vint de se tourner.
Tacheles
Oranienburger Strasse 56
10117 Berlin
52.52564920382858 , 13.389315158128738