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Histoire de Potsdam

Potsdam est une ville d'histoire millénaire, fondée à la fin du Xe siècle. Elle dut son essor aux margraves du Brandebourg qui en firent leur réserve de chasse et leur résidence d'été. La ville n'en fut pas oubliée pour autant puisqu'elle fut embellie au cours des règnes successifs des souverains de Prusse, élevés à la dignité royale à partir du XVIIIe siècle.

Glienicker Brücke, Potsdam

La fondation de Potsdam

Fondation de Potsdam et Geltow lors de la germanisation des marches du Nord

Le 3 juillet 993, l'empereur Otton III cèda à sa tante l'abesse Mathilde de Quedlingburg deux fiefs du Havelland : Poztupimi et Geliti, qui devinrent Potsdam et Geltow lors de la germanisation de la région. Potsdam fut tout au long de la période médiévale une bourgade de pêcheurs.

Construction d'un pont stratégique sur la Havel

En 1416, le margrave Frédéric de Hohenzollern fit de Potsdam, un point de passage privilégié sur la Havel, en construisant un pont en direction de Teltow. Suite à deux incendies en 1536 et 1550, Joachim II fit reconstruire la cité, peu de temps avant la terrible guerre de Trente ans.

La résidence des Hohenzollern

La résidence de l'Electeur Frédéric Guillaume

En 1648, la ville n'offrit qu'un visage fort déplaisant. L'Electeur Frédéric Guillaume décida d'en faire sa résidence sur les conseils de son ami Jean-Maurice de Nassau Siegen. Les forêts giboyeuses environnantes furent un facteur décisif en faveur de Potsdam. Sous l'impulsion de Frédéric Guillaume la ville bénéficia de premiers aménagements qui en firent une ville soignée : pavage des rues, tracé de nouvelles voies de passage et construction d'un château sur l'emplacement d'une ancienne forteresse.

L'Edit de Potsdam

En 1685, le Grand Electeur proclama l'Edit de Potsdam qui favorisa la venue de 20 000 huguenots dans le Brandebourg. La Guerre de Trente ans, ayant saigné le Brandebourg, le monarque avait besoin de sujets pour repeupler et reconstruire son fief.

Les fastes du premier roi en Prusse

Frédéric I, roi en Prusse, poursuivit l'oeuvre de son père, inspirée par une politique alliant un pouvoir fort à la tradition humaniste. Il alloua en particulier une somme aux huguenots afin qu'ils y établissent leur demeure le long de l'actuelle Hebelstrasse. Aimant les fêtes et parties de chasse, Frédéric I désirait alors étaler aux yeux de tout le monde la puissance de son royaume.

Militär-Waisenhaus, Orphelinat militaire de Potsdam

La Sparte du Roi-Sergent

Frédéric Guillaume I, peu enclin aux excés festifs de son père était surnommé le Roi Sergent. Son obsession de l'équilibre budgétaire le conduisit à vendre le mobilier baroque du château de la ville, à transformer l'Orangerie en écurie et le château de Glienicke en lazareth. Sous son règne, Potsdam devint une ville de garnison, où il aimait voir défiler ses grands gars (Lange Kerls), qui constituaient la Garde Royale.

Le Roi Sergent fit entourer la ville d'un mur d'enceinte afin de contrôler les entrées et sorties des habitants, et surtout d'empêcher toute tentative de désertion. Il faut néanmoins reconnaître que sous son règne Potsdam bénéficia d'aménagements urbanistiques de taille : rénovation du vieux centre ville, construction du Quartier hollandais et de nombreuses églises.

Fassade d'une maison bourgeoise de Potsdam du XVIIIe siècle

La nouvelle Athènes de Frédéric Le Grand

Selon les termes de Voltaire, ami de Frédéric Le Grand, la triste Sparte se métamorphosa en une Athènes resplendissante sous le règne du despote éclairé. Frédéric II chargea son architecte Knobelsdorff de procéder à des travaux de rénovation permettant à Potsdam de remplir pleinement sa fonction de réprésentation du pouvoir royal.

Outre la construction d'édifices majeurs comme le château de Sans Souci (Schloss Sanssouci) et le Nouveau Palais (Neues Palais), Frédéric le Grand somma les propriétaires de demeures bourgeoises de veiller à l'entretien des façades. Ami des Arts et des Lettres, Frédéric II s'entoura d'une cour, choisie exclusivement d'hommes de culture s'exprimant en français. Les commandes du roi et de la noblesse attirèrent les architectes, peintres, sculpteurs et musiciens de toute l'Europe, marquant ainsi l'épanouissement culturel de Potsdam.

Le crépuscule de Potsdam

L'occupation napoléonienne marqua un coup d'arrêt temporaire à l'essor prussien. Ce fut à Potsdam, en 1805 que fut scellée la Sainte Alliance entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, régie par Frédéric Guillaume III. Victorieux à Auerstedt et Iena, Napoléon et la Grande Armée marchèrent sur Berlin et occupèrent Potsdam pendant deux ans. Frédéric Guillaume II et III menèrent le royaume à sa perte, par une gestion hasardeuse et l'absence de génie militaire. La ville devint alors un dépôt de la cavalerie de l'empereur, qui transforma les églises en écuries, mais épargna par déférence la Garnisonkirche, où reposait Frédéric II.

Schloss Babelsberg, château de Babelsberg

Le réveil sous la Révolution industrielle

Au lendemain des Guerres de Libération, Potsdam renoua avec la croissance pour devenir un centre administratif du royaume prussien. En 1838, la première voie ferrée du royaume, reliant berlin à Potsdam, fut inaugurée. En 1848, la ville demeura à l'écart des troubles de 1848 qui secouèrent le trône de Frédéric Guillaume IV. Réactionnaire, Frédéric-Guillaume IV se montrait en revanche beaucoup plus attentif aux Arts et perpétua l'oeuvre de ses prédécesseurs.

L'empereur Guillaume Ier fit transformer le château de Babelsberg en un castel néo-gothique, style très en vogue alors. L'empereur Guillaume II s'installa lui aussi à Potsdam, dans le Nouveau Palais (Neues Palais)afin de satisfaire son goût de la représentation : la vie luxueuse de la Cour dérangeait cependant les habitants, qui élirent en 1912 Karl Liebknecht au Reichstag.

Le déclin de Potsdam

Potsdam, scène de l'avènement du IIIe Reich

Le 21 mars 1933, Goebbels choisit la ville de Potsdam, symbole du militarisme prussien et de la grandeur passée, pour y organiser une cérémonie destinée à marquer l'unité entre la tradition prussienne et la révolution nationale. Deux jours après la comédie de Potsdam en l'Eglise de la Garnison, le Reichstag vota les pleins pouvoirs à Hitler, rassuré de voir en cet homme la continuité prussienne.

Ruine des Brockeschen Palais, ruine du Brockesches Palais à Potsdam

Dissolution de la Prusse

En avril 1945, Potsdam connut un terrible bombardement britannique qui anéantit la majeure partie de son centre historique. Les alliés victorieux du Reich tinrent au château de Cecilienhof une conférence, qui donna jour aux accords de Potsdam, scellant ainsi la disparition de la Prusse.

Potsdam sous la RDA

Sous le régime de la RDA, les dirigeants communistes s'acharnèrent à faire disparaître les vestiges de l'ancienne Prusse : les ruines du château de la ville (Stadtschloss) et de la Garnisonkirche furent dynamitées. La municipalité n'entreprit qu'à partir de 1975 de grands programmes de restauration de l'héritage culturel prussien. Effort poursuivi et accéléré au lendemain de la réunification allemande.

Palazzo Nachbau am neuen Markt in Potsdam, reconstruction et réinterprétation d'un palais sur le côté nord du Neuer Markt à Potsdam

La renaissance de Potsdam

Potsdam est à présent la capitale du Land de Brandebourg. En 1993, elle célébra son millénaire ainsi que le retour des dépouilles de Frédéric Le Grand et de son père, après un exil posthume d'une cinquantaine d'années dans le château de Hohenzollern en souabe. La redécouverte de son illustre patrimoine, à présent inscrit à l'UNESCO, lui vaut la visite annuelle de 4 millions de visiteurs.