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La Friedrichstrasse est redevenue l'avenue chic de Berlin-Est avec l'inauguration des Friedrichstadtpassagen, complexe de commerces et de bureaux de standing, quelques années après la chute du mur de Berlin.
Tracée au XVIIe siècle, la Friedrichstrasse constituait le principal axe Nord - Sud de la ville, traversant les faubourgs de Dorotheenstadt et de Friedrichstadt.
Elle reliait sur une longueur de 3,3 kilomètres les portes d'Oranienbourg (Oranienburger Tor) et de Halle (Hallesches Tor), aujourd'hui disparues.
Vers la fin du XIXe siècle, la Friedrichstrasse vit s'installer de nombreux cafés, restaurants, grands magasins (Friedrichstraßenpassage) et autres cabarets (Admiralspalast), pour devenir lors de la Belle Epoque l'un des pouls de la capitale.
Dans l'entre-deux-guerres, le Kurfürstendamm (Ku'damm) détrôna la Friedrichstrasse en tant que pôle de la vie nocturne berlinoise.
Les derniers combats de rue d'avril 1945 finirent d'anéantir la Friedrichstrasse.
Lors de la division de Berlin, la Friedrichstrasse demeurait une artère vivante de Berlin Est, avec ses théâtres et cabarets au Nord (Metropol Theater, Friedrichstadtpalast, Die Distel), même si elle butait sur le tristement célèbre Checkpoint Charlie, point de passage entre les secteurs soviétique et américain.
Après la réunification, le Sénat de Berlin continua la réhabilitation de l'artère prestigieuse, commencée par les autorités de RDA. La Friedrichstrasse fut le second chantier après celui de la Potsdamer Platz. Avec ses édifices avant-gardistes, la Friedrichstrasse est devenue une adresse incontournable du Berlin chic, avec ses magasins de luxe, ses hôtels et restaurants de haut rang.
Décidé au début des années 1980, la galerie marchande des Friedrichstadtpassagen était le dernier programme immobilier d'envergure de la RDA. Interrompu à la chute du mur, le projet fut remanié par la suite et l'on fit appel aux architectes de renom pour le réaliser.
En lieu et place de l'immeuble monolithique et inachevé de l'ex-RDA, trois blocs d'immeubles distincts furent dessinés, reliés entre eux par une galerie commerçante, longue de 300 mètres. Chaque bloc, appelé Quartier
, fut conçu dans un style architectural différent, et ce dans le but de diversifier le paysage urbain.
Le Quartier 207 (Friedrichstrasse 75) abrite les Galeries Lafayette, dessinées par l'architecte français Jean Nouvel. Edifié entre 1993 et 1996, le bâtiment des Galeries Lafayette se réfère au style berlinois des années 1920, tout en intégrant des nuances résolument contemporaines.
L'intérieur est éclairé par deux puits de lumière, en forme de cône, qui laissent à penser que le magasin est plus grand qu'il n'y paraît. L'angle arrondi des Galeries Lafayette met particulièrement en valeur l'édifice dans un quartier, où les rues tirées au cordeau sont toutes perpendiculaires.
Le Quartier 206 (Friedrichstrasse 71-74), imaginé par Iheo Ming Pei et réalisé par les architectes américains Cobb & Freed and Partners, s'inspire des réalisations expressionnistes des années 1920.
La façade de l'immeuble est rythmée par des séries de saillies, créant un effet saccadé. La nuit, les lamelles de couleur claire, recouvrant les parois de l'édifice, s'illuminent pour donner un effet similaire à celui produit par un projecteur de cinéma. L'atrium, les escaliers et le dallage polychrome sont d'inspiration Art Déco. Les étages inférieurs sont occupés par des commerces de luxe, tandis que les étages supérieurs sont occupés par des bureaux.
Le Quartier 205 (Friedrichstrasse 66-70), conçu par Oswald Matthias Ungers, est le plus grand des trois immeubles des Friedrichstadtpassagen. L'architecte a décliné et combiné une forme géométrique de base - le carré - sur l'ensemble du volume de l'édifice.
Haut de huit étages, l'immeuble se décompose en six blocs qui s'élèvent sur les arcades, abritant restaurants et magasins. L'alternance des trois couleurs - blanc, noir, ocre - anime les façades, tandis que le décrochage des parois permet d'alléger l'aspect massif du complexe.
L'arrière du Quartier 205 donne sur le Gendarmenmarkt et constitue une toile de fond discrète au Schauspielhaus de Schinkel.
En empruntant la Leipziger Strasse, puis la Mauer Strasse, on accède à l'arrière du Quartier 200, appelé également Philip Johnson Haus, où siège l'American Business Center.
L'architecte américain Philip Johnson, influencé par Mies van der Rohe, a réalisé en 1994-1997 ce complexe à l'architecture rationnelle. La façade imposante, recouverte de granit, alterne baies vitrées et piliers percés de fenêtres. Une rotonde en pierre, située au dessus du sixième étage, couronne les parois de verre et de granit, et confère à l'immeuble sa cohésion esthétique. Le foyer de l'édifice, situé au centre, est accessible par chacune des quatre entrées.
La Mauer Strasse rejoint la Friedrichstrasse, juste avant son intersection avec la Zimmerstrasse. Au carrefour de la Friedrichstrasse et de la Kochstrasse, se trouve l'ancien point de contrôle Checkpoint Charlie, qui séparait les secteurs soviétique et américain lors de la division de Berlin.
Ce point de passage vers Berlin-Est était réservé aux diplomates, militaires alliés, ainsi qu'aux étrangers.
L'artiste Frank Thiel a dressé une pancarte, avec de chaque côté, le portrait d'un GI, et celui d'un soldat de l'Armée Rouge. Au milieu de la rue, une guérite, des sacs de sable et une ligne de pavés matérialisent l'ancien tracé du mur de Berlin.
En juin 1990, Checkpoint Charlie fut démantelé et la baraque des Occidentaux fut confiée au musée des Alliés de Dahlem. En poursuivant vers le Sud, la Friedrichstrasse quitte le quartier de Mitte pour celui de Kreuzberg, et s'achève à la Mehringplatz.