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Avec la réunification allemande, Berlin fait peau neuve, sort de son corset de béton, aménage l'ancien no man's land du mur de Berlin et devient un laboratoire architectural, où les architectes contemporains du monde entier accourent pour y donner libre cours à leur inspiration créatrice. Les réalisations depuis la chute du mur de Berlin façonnent le Neues Berlin
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Avec la réunification de l'Allemagne, Berlin devint la nouvelle capitale de la République Fédérale d’Allemagne. Les instances gouvernementales furent alors appelées à quitter Bonn pour rejoindre Berlin.
Dès lors, commencèrent les travaux d'aménagement des principales artères (Kurfürstendamm, Unter den Linden et Friedrichstrasse), mais aussi les lourdes opérations d'assainissement des quartiers est de la ville, notamment les arrondissements de Prenzlauerberg et de Mitte.
Outre la réhabilitation du centre historique et la rénovation des cités dortoirs de Berlin-Est, de nouveaux logements (150000 par décennie) furent construits dans le cadre de villes nouvelles à la périphérie : la cité sur l'eau Oberhavel (Wasserstadt Oberhavel) à Spandau, et à Buch Karow.
Immédiatement, le mur de Berlin fut démantelé intégralement, à quelques exceptions près, à des fins de mémoire, notamment le long de la Sprée (East Side Gallery) ou encore entre le Martin Gropius Bau et l’ancienne chambre basse du Parlement de Prusse. Le Mur de la Honte, une fois disparu, il incombait aux architectes de combler cette fracture béante entre les deux secteurs de la ville. C'est à ce titre que la Potsdamer Platz, la Pariser Platz et la Leipziger Platz renouèrent avec leur statut d’antan.
L'architecte Renzo Piano remporta le concours pour l'aménagement de la Potsdamer Platz. La configuration de la place, telle qu'elle fut imaginée, permit de relier le Kulturforum avec le nouveau centre névralgique et le quartier historique. Daimler Benz élut domicile et assura la gestion immobilière du nouveau complexe. D'autres entreprises comme Sony y installèrent également leurs sièges sociaux. Helmut Jahn conçut le Sony Center et Giorgio Grassi réalisa les bâtiments d'ABB.
Les quartiers gouvernementaux s’installèrent pour l'essentiel dans le Spreebogen, à proximité du Reichstag. Simultanément les corps diplomatiques entreprirent le transfert de leur ambassade de Bonn à Berlin, soit en construisant de nouvelles légations (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, pays scandinaves), soit en s'installant dans leurs anciens bâtiments historiques d’avant guerre (Italie, Espagne, Japon). 800 architectes du monde entier prirent part à ce projet titanesque englobant la construction de la nouvelle chancellerie (Bundeskanzleramt), de nouveaux ministères ainsi que le réaménagement de l'hémicycle du Reichstag.
Le statut de capitale retrouvé, Berlin se devait d'améliorer les axes de communication et ses transports urbains. Les trains à grande vitesse ICE purent ainsi desservir la nouvelle gare centrale de Berlin (Berlin Hauptbahnhof). La fermeture progressive des aéroports de Tegel et de Tempelhof fut adoptée, de manière à canaliser le trafic aérien sur un seul aéroport, celui de Berlin-Brandebourg, à Schönefeld. Fin des travaux, prévue en 2011.
Berlin, résolument tournée vers le futur, dut veiller à la préservation des parties historiques. Les services de l’urbanisme de la ville de Berlin craignant une construction échevelée aux styles hétéroclites imposa des consignes strictes sur l’aménagement des façades. Les fenêtres percées devaient être carrées et recouvertes de matériaux nobles, et alignées dans la pure tradition prussienne.
L’arrondissement de Mitte fut le témoin de l’inauguration quasi simultanée de deux édifices emblématiques du Nouveau Berlin, avec la réalisation contemporaine de Jean Nouvel pour les Galeries Lafayette sur la Friedrichstrasse, et la reconstruction des frères Patzschke pour l’Hotel Adlon, célèbre palace d’avant guerre sur la Pariser Platz.
Les bâtiments officiels ainsi que les édifices privés devaient se tenir à un standard stipulant une hauteur maximale de 22 mètres à ne pas dépasser. Seule entorse au format, les projets de l'Alexanderplatz et de la Potsdamer Platz prévoyant la construction de gratte-ciels.
Le Stadtforum, lieu de débat public au sujet de l'aménagement du territoire, imaginé par le Sénat de Berlin, connut des discussions animées sur de nombreux sujets : aménagement de la Schlossplatz, destruction ou conservation du Palast der Republik, construction du Mémorial aux victimes de l'Holocauste, la future affectation de l'aéroport de Tempelhof.
Ces échanges constructifs permirent de tenir compte de nombreux avis (associations de quartier, collectifs, groupes alternatifs, organes de presse) bien souvent contradictoires, dans le but d’imaginer un urbanisme visant à satisfaire le plus grand nombre.
La Gemäldesammlung, inaugurée en 1998, accueillit les collections de peintures de Dahlem et du Bode Museum, et marqua par la même occasion l'achèvement du Kulturforum, imaginé par Hans Scharoun 40 ans plus tôt.
Le Musée juif de Berlin put élire domicile sur la Lindenstrasse à Kreuzberg après un long débat sur sa légitimité et son statut. L'architecte américain Liebeskind imagina un bâtiment, en béton brut, en forme d'étoile de David brisée, symbolisant le traumatisme infligé par l'Holocauste.