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La dichotomie de Berlin s’accentua au début XXe siècle, avec la constitution de deux centres villes distincts. Le vieux centre s’articulait autour d'Unter den Linden et de la Friedrichstrasse, tandis que le pôle du Ku'Damm (Kurfürstendamm) s'affichait avec ses cafés à la mode fréquentés des artistes. Le Jugendstil prônait une étroite collaboration entre créateurs et ingénieurs, ouvrant une nouvelle ère, où le fonctionnalisme devait l’emporter sur l'apparat. Par la suite, la mouvance expressionniste répondait aux exigences des programmes sociaux des années 20.
Alfred Messel (1853-1909) et Peter Behrens (1868-1940) développèrent une architecture fonctionnelle et moderne qui annonçait le Bauhaus. Les halles de machines de la société AEG en étaient les témoignages les plus révélateurs. La dénonciation des Mietskasernen se concrétisait par des réalisations qui servirent de modèle sous la République de Weimar. L'Association allemande des cités-jardins fut fondée en 1902 ; Bruno Taut et Heinrich Tessenow bâtirent la première cité-jardin à Grünau-Falkenberg en 1913. La réalisation des lotissements de Zehlendorf par Mebes et Emmerich en 1914 en était un autre exemple.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Berlin s'étendait à l'ouest en direction de Spandau. Hans Poelzig construisit au terme de l'axe est-ouest la Maison de la Radio en 1929.
Le groupement intercommunal du Grand Berlin
, bien qu'initié en 1912 devint réalité en 1920, avec l'intégration des communes de Köpenick, Charlottenbourg, Spandau, Neukölln, Lichtenberg, Wilmersdorf et Schöneberg. Berlin comptait désormais 3,8 millions d'habitants, répartis sur les 20 districts couvrant 880 km². Les aléas économiques de la République de Weimar portèrent un coup fatal à de nombreux projets ambitieux comme celui du gratte-ciel de Mies van der Rohe, qui devait se dresser près de la Friedrichstrasse. Les efforts se concentrèrent alors sur des réalisations à dimension sociale.
L'architecture expressionniste s'exprimait le plus souvent à Berlin par des édifices en briques, inspirés de l'art du Proche-Orient. Elle privilégiait des zigzags, des lignes brisées, de longues courbures, dans des bâtiments aussi variés que des usines, des théâtres et églises. Au lendemain de la crise économique et de la grande inflation, Berlin adopta une architecture inspirée des Etats-Unis, avec l’apparition des premières tours d'Europe, à l'image de celles de la société Borsig. Le premier tronçon d'autoroute fut tracé dans la forêt de Grunewald en 1921 ; il s'agissait de l'Avus, qui servit initialement aux courses automobiles et de piste d'essai pour les records de vitesse.
Dans le courant des années 20, un autre courant architectural vit le jour : la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit).
Les architectes faisaient passer le détail au second plan et préférèrent l'abstraction des formes, qui étaient planes et nettes. Cette configuration abstraite des constructions se retrouvait en particulier dans L'Onkel Toms Hütte à Zehlendorf ou à la Weisse Stadt de Reinickendorf.
L'essor de l'automobile obligea les urbanistes à épouser les mouvements circulaires du trafic dans la configuration des édifices. Ce dynamisme était visible dans les projets des frères Luckhardt pour l'Alexanderplatz ou dans les édifices de bureaux de la Shell-Haus (1930) de l'architecte Emil Fahrenkamp.
Le Bauhaus visait à intégrer l'ensemble des disciplines conduisant à la construction du bâtiment. De cette étroite collaboration entre les ingénieurs, les architectes et les artisans devait naître le design moderne. Il s'agissait de créer des objets destinés à être manufacturés à grande échelle tout en alliant une fonction double : esthétique et fonctionnelle. Les peintres Wassily Kadinsky, Paul Klee et le plasticien Laszlo Moholy-Nagy y enseignaient, ainsi que les architectes Mies van der Rohe (1886-1969) et Walter Gropius (1883-1969) qui en prirent la direction. Sous leur impulsion, l'architecture berlinoise s'orientait vers un modèle clair et abstrait.
Fondé en 1919 à Weimar, le Bauhaus fut contraint de s'établir à Dessau, qui se trouvait à l'écart des heurts de la République de Weimar. Ne pouvant souffrir cette institution novatrice, les conservateurs firent pression sur les dirigeants, dont Mies van der Rohe, qui décida en 1932 de s'installer avec ses élèves à Steglitz dans une usine désaffectée. Cependant, l'expérience berlinoise fut de courte durée avec l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933. L'établissement fut définitivement fermé et les membres de l'équipe chassés. La plupart s’exilèrent aux Etats-Unis, où ils purent mettre en œuvre leur savoir-faire. Il fallut attendre la chute du III Reich et la destruction de Berlin pour voir une application des préceptes du Bauhaus sur les bords de la Sprée. D'ailleurs, les archives du Bauhaus furent réunies à Darmstadt, puis enfin à Berlin qu'en 1979.
Hitler n'aimait pas Berlin, il souhaitait lui donner une physionomie digne de ses ambitions politiques. La vitrine du régime passa d'abord par une démolition systématique des bâtiments pouvant entraver les projets de l'architecte Albert Speer.
Seule la guerre interrompit la construction de la nouvelle capitale, baptisée Germania
et dont l'inauguration était prévue pour l'exposition universelle de 1950, sans pour autant empêcher la destruction de l'ancienne.
Les seules réalisations de cette époque qui survécurent à la seconde guerre mondiale furent les installations olympiques des jeux d'été de 1936 de Werner March, l'aéroport de Tempelhof par Ernst Sagebiel, le complexe administratif de la Fehrbelliner Platz, les casernes de l'ancien Quartier Napoléon (occupé après 1945 par les Forces Françaises stationnées en Allemagne) et l'ancien Ministère de l'Air (Reichsluftfahrtministerium).